A propos

C’est à l’affût derrière des murailles et juché au sommet de ma tourelle que j’observe le fouillis des choses, à distance respectable, c’est à dire hors de portée. Vu de là haut, l’impression de bazar n’est plus la même, c’est plutôt comme un paysage miroitant, et puis, quelle tranquillité. Parfois j’aperçois un de mes doubles en mission. J’en ai plusieurs, selon les occasions. Certains portent à bout de bras des objets divers destinés à rejoindre le reste de mon butin, d’autres, affectés à l’entretien de mes défenses, creusent un fossé et charrient des brouettes de cailloux, d’autres encore font semblant de répondre avec détachement à une sollicitation (après tout, ils sont là pour ça.)

Avançons à présent sur la tourelle (une personne à la fois je vous prie et faites attention où vous mettez les pieds) et penchons-nous pour faire un rapide inventaire du fouillis ramassé au hasard et entassé à l’intérieur. On peut noter l’activité lente mais constante d’une usine à trucs, les gesticulations comiques de bestioles ramassées ici ou là, des échafaudages dans les bois, quelques témoignages personnels apportant la preuve d’un certain désarroi, … bref je vous dis, une accumulation disparate d’objets que je vous remercie de bien vouloir contribuer à faire circuler, par une subtile et permanente redistribution des encombrements.

Je vais à présent vous laisser terminer le circuit de visite, et ne vous souciez pas d’être importun, je vous écris déjà d’ailleurs, juché sur ma tourelle, bien à l’abri derrière mes murailles.

Et n’oubliez pas le guide, s’il vous plaît.

David Prévost, on ne sait pas trop ce qu’il fait en réalité. Un peu de ceci ou de cela. Et quand on lui pose la question, on voit bien que ça l’embête de répondre (son histoire de doubles, entre nous, c’est un peu n’importe quoi, parce que on se demande bien comment il pourrait caser autant de monde dans aussi peu d’espace. Mais passons).

Des objets à travailler, de l’écriture, de la poésie, il aime bien. Tout ça en autodidacte et depuis longtemps, sans grand succès jusqu’à présent, mais comme j’ai coutume de le dire, qu’est ce que ça veut dire le succès à notre époque ?

Alors, si on insiste tout de même pour avoir une réponse claire, il hausse les épaules et finit par hasarder que c’est la seule façon qu’il ait trouvé pour conserver un peu de tout ce temps qui s’évanouit, et que c’est ça ou tout lâcher pour s’en aller écouter les alouettes dans les dunes.

Merci à Pascal Rioult pour m’avoir autorisé à utiliser son œuvre (toujours) pleine de poésie comme logo de ce site.